Partout, la crépidule (de son vrai nom crepidula fornicata, allez savoir pourquoi), est partout...
Pour en savoir un peu plus sur leur vie intime lorsque vous les croiserez (forcément) :
(source http://www.ifremer.fr/littoralbasnormand/page.php?numpage=117)
"La crépidule (Crepidula fornicata) est un mollusque gastéropode originaire de la façade Atlantique de l’Amérique du Nord. C’est à l’occasion de transferts d’huîtres de Virginie vers l’Angleterre, à la fin du siècle dernier, qu’elle arrive accidentellement sur les côtes européennes.
Son introduction sur les côtes françaises s’est opérée en deux phases principales. Tout d'abord, après la seconde guere mondiale, elle est retrouvée sur les plages du débarquement et dans les ports de Cherbourg et Brest. Puis dans les années 70, pour faire face à la mortalité de l’huître portugaise, elle sera de nouveau introduite suite à une importation conséquente de l’huître japonaise dans la plupart des régions ostréicoles.
La crépidule occupe aujourd’hui une place importante dans les écosystèmes côtiers, notamment dans les secteurs abrités peu profonds. Les biomasses se chiffrent localement en milliers de tonnes. Le golfe normand-breton est sans aucun doute le secteur le plus colonisé avec notamment les baies de St Brieuc et de Cancale et les Pertuis Charentais.
Les raisons de cette prolifération sont diverses, en effet Crepidula fornicata est une espèce opportuniste grâce notamment à une stratégie de reproduction efficace, de faibles exigences écologiques et l’absence de prédateurs.
De plus, cette espèce s’installe sur des fonds de nature diverse et les chaînes de crépidules adultes servent de support pour les recrues.
Enfin, si les activités conchylicoles ont été un vecteur majeur dans la propagation de la crépidule sur le littoral français, la pêche côtière aux engins traînants a depuis favorisé localement sa dissémination.
La prolifération de Crepidula fornicata modifie la texture des fonds qu’elle colonise, en produisant des éléments grossiers (coquilles) et fins (biodépôts). Il en résulte une hétérogénéité sédimentaire qui entraîne une diversification des "niches", avec pour principale conséquence la fixation d’une épifaune riche et diversifiée. Mais cet accroissement local de la diversité s’accompagne d’une banalisation des fonds à une plus grande échelle spatiale.
S’ajoute un risque de compétition pour l’espace et la nourriture vis-à-vis d’autres filtreurs. La compétition spatiale s'observe dans les secteurs fortement colonisés où les gisements de certains pectinidés (coquilles St Jacques et pétoncle blanc par exemple) disparaissent par manque de place disponible et aussi parce que l’envasement provoqué par la crépidule est défavorable à leur recrutement. Par ailleurs, la crépidule entre en compétition trophique avec les mollusques exploités ou non, tels que huîtres, moules, coques ou palourdes.
Certains secteurs conchylicoles traditionnels deviennent ainsi inexploitables du fait de l’augmentation du volume de crépidules récoltées et de l’allongement du temps de tri. Un déplacement de certaines de ces activités est alors constaté localement.
Jusqu’à ces dernières années, la lutte contre la crépidule était limitée à des nettoyages ponctuels opérés par dragage des parcs ostréicoles (Marennes-Oléron et Cancale). Aujourd’hui, un projet de son exploitation industrielle est envisagé en Bretagne. Il vise à récolter massivement la crépidule dans les secteurs les plus fortement colonisés puis à la transformer à des fins agro-alimentaires.
Une étude sur les bivalves réalisées en 2002 1 dans le golfe normand-breton a montré la présence de crépidules au large de la côte ouest du département de la Manche :
• autour des îles Chausey : biomasse faible à moyenne (entre 0 et 750 g/0,25 m2) ;
• entre l'île de Jersey et la côte : biomasse moyenne à forte (entre 750 et 4250 g/0,25 m2) ;
Au niveau côtier, l'Est Cotentin est très touché par la prolifération de crépidules particulièrement entre l'île Tatihou et Ravenoville. Enfin, plusieurs populations de crépidules ont été observées sur le littoral :
• dans le port de Cherbourg (grande rade) : population présente depuis 1945 ;
• sur l’estran d'Utah Beach ;
• dans l’est des parcs à huîtres de la Baie des Veys ;
• au niveau des platiers de Luc-sur-Mer.
1 PITEL M., SAVINA M., FIFAS S. & BERTHOU P., 2004, Evaluations locales des populations de bivalves dans le golfe normand-breton - Résultats de la campagne BIVALVES2002, IFREMER, DRV/RH - DEL/EC/BB, 44p.
BLANCHARD M., 1995, Origine et état de la population de Crepidula fornicata (Gastéropodes Prosobranchia) sur le littoral français, Haliotis 24 : 75-86, Société française de Malacologie."